lundi 4 juin 2012

LE VIOL DÉMOCRATIQUE

PRENONS LE PROBLÈME À SA SOURCE : LA DÉMOCRATIE

VIOL : « Fait de manipuler (les convictions
ou les croyances d'une personne ou d'un groupe)
pour imposer certaines idées. »
(Encarta) 

Supposons le syllogisme suivant : 

La démocratie ne fonctionne pas uniquement du HAUT vers le BAS.
La démocratie, c’est aussi un mouvement du BAS vers le HAUT.
Le BAS et le HAUT ont la même légitimité démocratique.

Ce syllogisme a l’apparence de la réalité. Si le HAUT et le BAS veulent s’entendre ou se comprendre, est-il possible que le HAUT refuse d’écouter le BAS et vice versa ?

Monsieur Charest, vos arguties dépassent l’entendement. Je peux comprendre que les événements ne font pas votre affaire. Mais votre affaire est maintenant devenue si mesquine qu’on ne peut plus savoir jusqu’où vous voulez imposer vos conditions de choix collectifs. Par contre, la démocratie est votre dogme. C’est la démocratie d’en HAUT qui prétend avoir droit à toutes les marges de manœuvre de l’État et de la légitimité démocratique (cf., infra « Violence légitime »).

La démocratie d’en BAS est venue de trois représentants étudiants qui ont contesté la légitimité d’un acte gouvernemental avec l’appui de nombreuses associations d’étudiantes et d’étudiants. Leur protestation est aussi légitime, mais elle vient d’en BAS, c’est-à-dire de la rue comme si c’était le mal incarné. Le forcing politique contre une catégorie ciblée de personnes dans la société a été imposé par le biais d’un discours du budget que le régime parlementaire de type britannique juge inviolable. Malgré tout, faut-il que les étudiants et la société civile doivent accepter ad infinitum le droit ou la sagesse des gens d’en HAUT ? La démocratie d’en BAS a ses droits puisqu’elle détient la souveraineté populaire. Les élections ne sont pas le tout de la démocratie pas plus que l’économie est le tout et l’unique but de la VIE.

Afin de satisfaire leur pouvoir, les gens d’en HAUT parient sur la notion de « majorité silencieuse » après avoir échoué durant dix semaines à ne pas vouloir honnêtement résoudre la contestation étudiante. Comment, aujourd’hui, monsieur Charest peut-il opposé un déni des réalités sociales au point de prétendre détenir la légitimité sur l’idée qu’il voit, tout d’un coup, dans sa boule de cristal une majorité silencieuse. Si cette majorité est silencieuse, comment peut-il vraiment le savoir ? Appelons les choses par leur nom : la démagogie.

J’ouvre une parenthèse. À l’émission de Paul Arcand ce matin au 98.5 FM, Jean Lapierre et Mario Dumont se sont fait candidement les défenseurs des travailleurs à bas revenus parce que les manifestations étudiantes causent des dommages à l’économie. Coup donc ! Sont-ils conscients en ce moment que le Québec est en déroute à cause d’un insensé qui ne pense qu’à sa réélection ?

Les gens d’en BAS ne croient plus à la démocratie d’en HAUT. Le contexte général au Québec est pourri. Pour redresser la situation, le parti gouvernemental utilise tous les moyens à sa disposition pour arriver à ses fins jusqu’à quitter la table de négociation qui ne tournait pas à son avantage.

Le gouvernement a été désarçonné par les calculs des « négociateurs » étudiants selon les « paramètres » fumeux du gouvernement et le fameux « cadre financier » Charest-Bachand du discours du budget. Devant cet exercice comptable des étudiants, la ministre a mis fin aux négociations. Après la démission de la ministre de l’Éducation et vice-première ministre, Line Beauchand, c’est au tour de Michelle Courchesne, la ministre remplaçante, à fuir les représentants étudiants. L’idée toute cuite du gouvernement est apparue très clairement en conférence de presse avec le premier ministre. Le gouvernement ne doit pas être contesté.

Pour quelle raison le gouvernement a-t-il rejeté du revers de la main « la solution » étudiante ? On comprend maintenant que les « négociateurs » étudiants ont été capables de proposer un équilibre budgétaire afin de maintenir le gel des frais de scolarité d’après la solution « à coût nul » acceptée par le gouvernement comme principe de négociation. Le fonctionnaire présent à la conférence de presse du premier ministre n’a fait qu’ânonner des lieux communs. Un autre coup de force de la démocratie d’en HAUT.

Pourtant le premier ministre Charest a des responsabilités très lourdes envers la population du Québec, la société civile, le bien commun au-dessus des mesquineries politiques et l’éducation au Québec au bénéfice de la majorité du Québec-Français. Comme on sait, la démocratie conçue par le gouvernement Charest et le parti libéral du Québec est dans l’impasse parce qu’il a fait de la hausse des droits de scolarité une question de vie ou de mort pour son gouvernement.

Non seulement le gouvernement libéral a failli par sa conduite insolente et belliqueuse, il a même trompé la population et aujourd’hui, il en est rendu à violer la démocratie. Toute la nation est flouée et dupée par ce gouvernement libéral à Québec qui n’agit qu’en fonction de ses intérêts partisans, de l’oligarchie capitaliste fédéraliste, des sangsues de subvention tel Gilbert Rozon ou de tout ce que pourra révéler la Commission Charbonneau sans compter le népotisme gouvernemental.

AFIN DE METTRE UN TERME AU VIOL DÉMOCRATIQUE, LA POPULATION DIT NON AU GOUVERNEMENT CHAREST.

Que le premier ministre aille remettre la démission de son gouvernement au bureau du Lieutenant-gouverneur du Québec et qu’un nouveau gouvernement soit formé pour régler par la négociation les questions litigieuses du moment afin que la paix sociale se rétablisse dans les plus brefs délais.

La terreur a assez duré (cf., infra). On ne voit plus l’ombre d’une sagesse politique dans les propos que tient le premier ministre du Québec et plusieurs de ses ministres. LES PARLEMENTAIRES DONT LES DÉPUTÉS LIBÉRAUX SURTOUT DOIVENT METTRE FIN À LA LIGNE DE PARTI ET RÉGLER LE CAS CHAREST-BACHAND.

Les représentants de la « nation québécoise » à l’Assemblée nationale du Québec doivent commencer à préparer sérieusement le départ de Jean Charest et de son gouvernement croupion. Ce gouvernement doit être renvoyé parce qu’il ne respecte plus la démocratie au Québec, soit celle d’en BAS qu’il abhorre abusivement et, encore pire, une catégorie particulière d’individus dans la société : les étudiantes et les étudiants.

Bruno DESHAIES
lundi, 4 juin 2012
Voir aussi : Vigile.net 

NOTES

TERREUR (déf.) : Ensemble de mesures d'exception et d'actes violents à l'encontre d'une partie de ses administrés, sous couvert de raison d'État. Créer la peur, l’angoisse. Ou bien : Peur collective qu'on fait régner dans une population, un groupe de personnes, dans le but de briser sa résistance. (Cf., « Voici mon 23e commentaire » (19 mais 2012). ICI : http://www.vigile.net/Carrefour-de-l-independance

VIOLENCE LÉGITIME. Notion qui se rapporte à l’État de droit en démocratie. Explication : http://www.toupie.org/Dictionnaire/Violence_legitime.htm
Site Internet La Toupie http://www.toupie.org/index.html

SUGGESTIONS DE LECTURE

Voici l'opinion d'un ex-ministre péquiste et d'un journaliste de La Presse qui en arrivent à la même conclusion que la nôtre.  Les députés de l'Assemblée nationale ne devraient-ils pas commencer illico un très grand ménage du printemps au Parlement ?  À l'évidence, le gouvernement Charest doit être remplacé maintenant. Selon Vincent Marissal, « le roi est nu ! » 

Jean GARON, « Que Paul Desmarais se présente. »
Journal de Montréal, samedi, 2 juin 2012 (Opinion COURRIER)

« Pour moi, le fait que cette accessibilité
soit plus grande au Québec
que partout ailleurs en Amérique du Nord
est une source de fierté. Pour Jean Charest, on dirait
que c’est une honte nationale. »

« S’il avait le moindre sens de l’État, il [Jean Charest] démissionnerait
pour dénouer l’impasse qu’il a créée.  Un nouveau chef
pourrait changer la donne sans perdre la face puisque
c’est ce qui compte. » 

Vincent MARISSAL, « Arrogance + élections = désastre »
La Presse, lundi, 4 juin 2012, p. A5 (ACTUALITÉS)

« Reste-t-il une seule personne au sein de ce parti,
chez les militants, au caucus, au cabinet
ou chez les conseillers, capable de se lever
et de dire l'évidence : le roi est nu ! »

« Tout va bien, Madame la marquise... »,
se demande en rafale et avec ironie Vincent Marissal.

Messages privés reçus

Pour les visiteurs de l'Académie de l'indépendance du Québec, je vais ajouter les messages privés qui présentent des points de vue particuliers.

No 1. Lundi, 4 juin 2012

Vous parlez de viol démocratique. Vous êtes historien. Êtes-vous sûr que nous vivons en démocratie ? Avons-nous déjà vécu en démocratie depuis 1867.

Voyez ce que disait un des penseurs de la Révolution française, l'abbé Sieyes :

"Les citoyens qui se nomment des représentants renoncent et doivent renoncer à faire eux-mêmes la loi ; ils n’ont pas de volonté particulière à imposer. S’ils dictaient des volontés, la France ne serait plus cet État représentatif ; ce serait un État démocratique. Le peuple, je le répète, dans un pays qui n’est pas une démocratie (et la France ne saurait l’être), le peuple ne peut parler, ne peut agir que par ses représentants."
(Discours du 7 septembre 1789 http://fr.wikipedia.org/wiki/Emmanuel-Joseph_Siey%C3%A8s

Ce n'est pas parce que le peuple vote une fois à tous les 4 ans qu'on peut appeler cela une démocratie.

Moi, en tout cas, je ne le fais plus.

Nous vivons dans un régime de gouvernement représentatif où les citoyens n'ont pas accès aux décisions qui les concernent, étant confinés au rang de simples électeurs.

Pas pareil.

Si vous voulez savoir ce qu'est une véritable démocratie citoyenne c'est ici : http://etienne.chouard.free.fr/Europe/

Lisez aussi : Principe de gouvernement représentatif de Bernard Manin ici :
http://www.amazon.fr/Principes-gouvernement-representatif-Manin-Bernard/dp/2080813498

Quand on lit Tocqueville, on se rend compte que ce qu'il décrit pour l'Amérique, ce n'est pas une démocratie mais un gouvernement représentatif.

Pas pareil. Pas pareil du tout.

Commentaire

Lundi, 4 juin 2012 (Réponse au No 1)

Bien sûr, nous pouvons disserter longuement sur  le mot démocratie mais ce n'était pas le but de ma chronique.  La question consistait à analyser un problème de vie démocratique dans un contexte particulier, historique.  Le problème était plus du côté de la « terreur » et de la « violence légitime » dans la vie d'une société qui connaît une forme type de démocratie. Le viol démocratique est un peu beaucoup le viol des consciences.

Je lis : « Ce n'est pas parce que le peuple vote une fois à tous les 4 ans qu'on peut appeler cela une démocratie. »

Cette remarque ne m'apprend absolument rien. Je trouve plutôt que la discussion sur le cas qui nous concerne est évacuée.  Je comprends qu'on peut réfléchir sur le régime de gouvernement représentatif.  Mais, en ce moment, il y a au Québec un gouvernement qui abuse de son pouvoir et de sa légitimité (?). 

Le but de ma proposition pragmatique consiste à réclamer des parlementaires un règlement du conflit sociopolitique par les élus eux-mêmes qui se disent tous et toutes légitimement des représentants de la nation.  La population a besoin de voir les élus de l'Assemblée nationale à Québec faire leur devoir en vue du bien commun qui mettra fin à la crise.

Quant aux lectures, il y a beaucoup à apprendre sur la démocratie dans ces deux ouvrages d'histoire :

Jacques Godechot, La Grande Nation. L'expansion révolutionnaire de la France dans le monde, 1789-1799. 2 vol. (Historien de la Révolution française)  Une analyse détaillée de l'expansion des idées et fondée sur la Déclaration des droits de l'homme (1789) et beaucoup plus encore sur les relations entre les « Républiques » qui sont devenues des Nations.

Philippe Raymond, Trois Révolutions : Angleterre, Amérique, France. Paris, PUF, Léviathan, 2009. Tout un pavé sur les débats d'idées issues des trois Révolutions.

Plus didactique, voir « Toupictionnaire. Le distionnaire de politique.»  On trouve une petite liste de formules politiques : démocratie directe, représentative, participative, etc.  http://www.toupie.org/Dictionnaire/index_d.htm#di 

No 2. Mardi, 5 juin 2012

** Le viol démocratique - un viol des consciences **

Lors de la conférence de presse du premier ministre Charest en compagnie de la ministre de l'éducation annonçant la fin des négociations avec les représentants étudiants, un journaliste a posé la question sur ''l'organisation de la F1''.

Comment ce journaliste a-t-il pu être informé d'un propos tenu à huit clos au cours d'une séance de négociation ?  Par un négociateur étudiant, par la ministre elle-même ?  Douteux, seul un attaché politique de la ministre avait intérêt à relayer l'information à une tierce partie fiable qui allait poser la question lors de la conférence de presse en question.

Depuis lors, tous les yeux sont braqués sur la CLASSE qui, jugée d'avance, serait responsable de l'annulation de la journée porte-ouverte de la F1. Cette manoeuvre pour façonner les consciences, discréditer le mouvement étudiant et faire perdurer un climat de crise ''appréhendée'' nous en rappelle une autre, octobre '70. C'est l'image du pompier pyromane qui met le feu pour faire du temps supplémentaire, comme un quatrième mandat.

Commentaire

Mardi, 5 juin 2012 (Réponse au No 2)

Une fois de plus, on peut constater qu'un gouvernement provincial est toujours en tutelle.  La contestation de la hausse des frais de scolarité a été la goutte d'eau qui a fait déborder le vase.  Aujourd'hui, comme le pense Vincent Marissal : « le roi est nu ». Charest et ses ilotes ne s'attendaient pas à cette onde de choc.  Depuis, le gouvernement Charest cherche par tous les moyens à gagner du temps.  C'est devenu scandaleux.

Le calme doit être rétabli.  C'est à l'Assemblée nationale de mettre en branle le processus de solution de la crise.  Le monde s'attend à plus qu'une élection en état de crise nationale.  Il veut maintenant un règlement par les forces politiques elles-mêmes.  Il réprouve que les partis politiques ne donnent que dans l'électoralisme autant les uns que les autres.  C'est la solution du problème qui compte avant tout dans l'immédiat. 

Les politiques doivent régler la démesure de la loi spéciale (78) par son abrogation puis amender le discours du budget Bachand.  Après, ils penseront aux élections...   Est-ce si sorcier que ça ? 

Commentaire

De l'Académie

Pour en sortir des débats dans le SOCIAL et enfin en arriver au combat NATIONAL.

Rappel

INDÉPENDANCE DU QUÉBEC 294
mardi 10 juillet 2007
L’AGIR PAR SOI COLLECTIF EST LE FONDEMENT DE L’INDÉPENDANCE
Être DISTINCT avant d’être DIFFÉRENT  719 visites  6 messages  (6 juin 2012)
Un billet écrit par notre collaborateur Parfondor

3 commentaires:

Michel a dit...

C'est pas sorcier mais tout à fait illusoire. Puisque l'État est l'organisation qui revendique avec succès le monopole de la violence légitime sur un territoire donné, la question a se poser est de savoir qui exerce véritablement le pouvoir et dans l'intérêt de qui?

Bruno Deshaies a dit...

De l'Académie,

Ce n'est pas illusoire, au contraire. C'est ce qui devrait être fait à l'heure actuelle. La ministre Courchesne est encore prise dans un scandale de garderies. Elle devrait démissionner.

L'État du Québec est ANNEXÉ, FÉDÉRÉ, SUBORDONNÉ ET SUPERPOSÉ SUR PLACE.

Qui exerce le pouvoir au Canada. C'est OTTAWA ! Et ce n'est pas une illusion. Quant au pouvoir au Québec, ce sont les Anglo-Québécois liés au système canadian et les fédéralistes très nantis.

Dans quel intérêt ? Le maintien de la domination fédéraliste sur la société québécoise (c'est ce que fait Charest), l'unité canadian et le contrôle sur l’économie québécoise. Le Québec est une province comme les autres.

Ne nous éloignons pas du conflit actuel qu'il faut régler par la formation d'un nouveau Cabinet politique qui aura la tâche de RÉGLER le sort de la contestation étudiante.

Bruno Deshaies a dit...

De l'Académie

mardi 10 juillet 2007

INDÉPENDANCE DU QUÉBEC 294

L’AGIR PAR SOI COLLECTIF EST LE FONDEMENT DE L’INDÉPENDANCE
Être DISTINCT avant d’être DIFFÉRENT
ICI : http://www.vigile.net/Etre-distinct-avant-d-etre
et
Un billet écrit par notre collaborateur Parfondor
ICI : http://blogscienceshumaines.blogspot.ca/2007/07/lagir-par-soi-collectif-est-le.html