mercredi 3 octobre 2012

L’INDÉPENDANCE NATIONALE ET LE GOUVERNEMENT MAROIS


 
Q
ue les politiques péquistes et les ex-parlementaires souverainistes cessent de finasser avec la fin et les moyens.

« Depuis cinq décennies, les voix politiques nous ont entretenus sur le problème des fins et des moyens si bien que la dialectique « DES FINS-MOYENS ET DES MOYENS-FINS » est venue embrouiller la solution du problème de l’ANNEXION des Québécois dans l’empire fédéral canadian. » 

Je remercie tous les internautes qui ne cessent d’accéder à ma 397ième chronique qui porte sur les premiers jours du gouvernement de Pauline Marois.  En ce moment, près de mille visiteurs l’ont visitée. Pour toutes ces personnes, je crois qu’il est nécessaire que je continue la conversation sur le thème de l’indépendance nationale.

Il m’apparaît de plus en plus nécessaire  que les souverainistes doivent se libérer du réflexe que la question de l’indépendance nationale du Québec pourrait être résolue par des répétitions de campagnes électorales et des promesses de référendums (cf., BANQ, Les référendums au Québec : bibliographie,  juillet 2005, 82 p.)

Les citoyens et les citoyennes ou les électeurs et les électrices au Québec ne font pas uniquement de la politique. Ils ne pensent pas continuellement en termes d’élections. Ils gagnent leur vie jour après jour. Cependant, ils aimeraient bien savoir si la souveraineté n’est qu’un ballon électoral qui oppose les champions du fédéralisme et les partisans du souverainisme pour la conquête seulement du pouvoir provincial à Québec. Après deux échecs référendaires et une expulsion du BLOC à Ottawa, ils semblent plutôt chercher les voix qui pourraient les guider dans leur cheminement personnel face à leur destin collectif.

Depuis cinq décennies, les voix politiques nous ont entretenus sur le problème des fins et des moyens si bien que la dialectique « DES FINS-MOYENS ET DES MOYENS-FINS » est venu embrouiller la solution du problème de l’ANNEXION des Québécois dans l’empire fédéral canadian.

Soyons clair et soyons franc. Pour les indépendantistes, la fin est l’indépendance. Cette fin, une fois acquise, devient le moteur et l’instrument pour agir par soi collectivement. Or, sur cette fin se greffe tous les moyens dont une nation a besoin pour jouir et user de sa liberté collective. Ainsi l’espace public libéré de cette contradiction originelle peut enfin ouvrir les portes à la vision politique, sociale, économique et culturelle du futur. L’inverse est une aberration. La situation actuelle au plan politique l’illustre suffisamment pour saisir à quel point l’annexion du Québec au Canada-Anglais est tout le contraire de l’indépendance.

Sans être obligé de faire cette distinction, la situation du Québec est historiquement et objectivement inquiétante pour les Québécois-Français considérés collectivement. Toutefois la finalité de l’action implique la dialectique des « fins-moyens et des moyens-fins » comme le pense Sartre quant à l’acte de création. Il constate que l’auteur ou l’écrivain et le lecteur sont liés entre eux, car « l’écrivain choisit d’en appeler à la liberté des autres hommes » (Dans Qu’est-ce que la littérature ? Paris, Gallimard, 1948/1964, 1985 (coll. « Folio essais », p. 73). Il s’explique en ces termes : « C’est un sentiment complexe mais dont les structures se conditionnent les unes les autres et sont inséparables. Il ne fait qu’un, d’abord avec la connaissance d’une fin transcendante et absolue qui suspend pour un moment la cascade utilitaire des fins-moyens et des moyens-fins. (Dans Ibid., p. 73-74)  Cependant, en 1947, Sartre prend conscience que la FIN ne pouvait pas le dispenser de considérer les MOYENS. Il s’explique ainsi : « Si l’on tient la liberté pour le principe ou pour le but de toute activité humaine, il est également faux que l’on doive juger les moyens sur la fin et la fin sur les moyens. Mais plutôt la fin est l’unité synthétique des moyens employés. Il y a donc des moyens qui risquent de détruire la fin qu’ils se proposent de réaliser, en brisant par leur simple présence l’unité où ils veulent entrer. (Ibid., p. 345) »  Ce paradoxe doit être surmonté par le biais d’une clarification rigoureuse des concepts d’indépendance et d’interdépendance.

Il y a neuf ans, le 2 octobre 2003, un petit groupe de personnes avait conçu l’idée de créer La Ligue pour l’indépendance du Québec. L’embryon d’un site Internet avait été ébauché pour disséminer les fondements de l’indépendance et l’optique indépendantiste parmi les différentes couches de la société québécoise et auprès de la masse de la population. L’intention générale visait à mieux faire connaître l’un des plus grands penseurs du **Québec, l’historien Maurice Séguin (http://pages.infinit.net/liq/msegui...).

Cette approche peut paraître banale, mais il semble très évident que les indépendantistes auraient tout avantage à jeter un regard serein en direction de ce phare qui éclaire les balises qui seraient préférables d’analyser et de comprendre. Le Professeur Séguin est le principal historien qui a étudié systématiquement l’immense problème historique du nationalisme. Vers la fin de sa carrière universitaire au Département d’histoire, l’Université de Montréal annonce dans son Annuaire 1980-1981 un cours qui porte le titre : « Les nationalismes » (HST2338, 3 cr.) : « Histoire du conflit politique, économique et culturel entre le Canada français et le Canada anglais 1760-1960 ». Il s’agit donc du problème crucial des « affrontements nationaux » dans l’histoire. On le sait bien, c’est le problème capital de la collectivité québécoise-française enclavée dans l’empire fédéral canadian.
 
Il serait utile de faire comprendre à nos concitoyens et concitoyennes comment choisir l’indépendance nationale du Québec. Chacun de nous a un chemin critique à suivre pour y parvenir.  Devant l’évidence historique, ce ne sont pas les partis politiques qui sont en mesure de paver ce chemin. Chacun d’entre nous a des CHOIX à faire. Les décisions qui découlent des choix de chacun relèvent d’un mode de penser. Ce qui est vrai pour l’historien l’est aussi pour tout citoyen. Je crois qu’on peut admettre assez facilement cette « norme » de Maurice Séguin qu’il décrit ainsi :
 
« Tout choix se fait (que l’on en soit conscient ou non) d’après un mode de penser, d’après des critères, d’après une échelle de valeurs, une façon de comprendre les rapports entre les événements ou les structures. »
Le défi des indépendantistes, il est là tout net. Il s’agit d’amener les Québécois à concevoir l’INDÉPENDANCE NATIONALE comme « un bien en soi » directement et indirectement aux plans politique, économique et culturel, c’est-à-dire commander au politique sa propre vie politique, gérer en économie sa propre vie économique et maîtriser au culturel sa propre vie culturelle. Dans cet esprit, le citoyen doit comprendre que l’indépendance consiste à ne pas réduire l’agir par soi collectif à un seul aspect tel l’autodétermination politique ou la possession de sa vie économique  ou se limiter à la maîtrise de sa culture.

Dans cette foulée, une autre « norme » vient consolider cette conception de la vie NATIONALE INDÉPENDANTE sur deux points :

1. « Les rapports entre les sociétés sont inévitables et nécessaires. »
2. « Mais il y a quand même vie collective distincte, vie autonome. »

Explication de Maurice Séguin :

« Malgré toute l’insistance sur la nécessité et l’utilité pour une société de collaborer avec les autres, il n’en demeure pas moins que la notion de vie d’une société se rapporte essentiellement à la notion d’agir (par soi) de cette société. »
[N. B. Le contraire étant : le remplacement, l’annexion, bref l’oppression essentielle qui est la perte de l’agir par soi collectif (par ex. : la provincialisation.]


Il est essentiel que le combat se place plus solidement au plan conceptuel. Les Québécois-Français doivent se soumettre individuellement à une autocritique systématique s’ils veulent se libérer des schèmes du fédéralisme qui vicient la pensée indépendantiste.  Le changement de paradigme ne surviendra pas spontanément. Un chemin critique devra être suivi, car changer est complexe. C’est un acte frustrant et ambigu. Changer est une expérience intimement personnelle.

Pour réaliser effectivement l’indépendance nationale du Québec, les Québécois devront s’habituer graduellement à penser, à dire et à écrire que le Québec est dans le monde mais distinct de lui. Chaque québécois saura à ce moment-là que l’indépendance et l’interdépendance sont préférables à l’annexion, la subordination, la provincialisation, la sujétion ou la superposition des autres nations voisines et dans le monde. Il reconnaîtra le besoin d’acquérir sa liberté collective avec l’avantage d’un État souverain. Il saura que l’unité nationale n’est pas la recherche de l’isolationnisme.  Il aura acquis la conviction intangible que la nation québécoise a le droit de se gouverner soi-même.

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